Dans le cadre de sa programmation d’été 2023 et en collaboration avec le Musée de la Gaspésie, le Musée régional de Rimouski est heureux de présenter Péninsule, une exposition de l’artiste montréalais Michel Huneault. L’installation qui relie photographies, composantes audios et vidéos, sera présentée jusqu’au 3 septembre 2023.
Avec Péninsule, Michel Huneault propose une représentation contemporaine des impacts tant physiques qu’affectifs des changements climatiques, illustrés ici par la montée des eaux.
Le projet artistique a été mené entre 2019 et 2022 dans les régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, dont le littoral est quotidiennement soumis à cette pression. Outillé d’un niveau laser, l’artiste parcourt le territoire en tentant initialement de marquer le paysage pour représenter la hauteur de l’eau lorsque la température augmentera de 2 à 4 degrés.
L’intention n’est pas de tracer une ligne définitive, difficile voire impossible à situer : « Ce sont des projections hypothétiques, devenues lyriques et symboliques, car la ligne des eaux varie continuellement, dépendant des saisons et des marées, du vent, de la morphologie des baies, de la glaciation des eaux, de notre occupation du territoire. Cette ligne existe-t-elle si on ne la regarde pas ? », demande Michel Huneault.
L’art comme vecteur de sensibilisation
Au fil de la recherche et des rencontres qu’elle occasionne, le projet s’imprègne graduellement d’une dimension plus émotive, révélant un attachement partagé à ce territoire et aux souvenirs qu’il recèle : « Ce fut un point de discussion récurrent dans mes rencontres, central, mais jamais résolu. Je pense que le corpus porte sur la complexité de cette tension ressentie, sur la difficulté de réconcilier ces sentiments contradictoires quand il est question de changements climatiques, entre émotion et science, entre amour et peur, entre inertie et nécessité de s’adapter. »
L’installation muséale qui en résulte est une œuvre immersive, à vivre avant tout comme une expérience sensorielle. Fondé sur la technologie et nourri des témoignages de la population locale, ce corpus invite au dialogue entre sciences et arts, rationalité et émotion. L’exposition devient ainsi source de réflexion quant aux façons de se mobiliser en tant que communauté, pour faire face aux changements constatés ou annoncés.
À propos de Michel Huneault
Michel Huneault est un photographe documentaire et artiste visuel. Son travail s’articule autour des enjeux de développement, des traumatismes, de la migration et des réalités géographiques complexes, incluant les impacts des changements climatiques.
Michel Huneault détient une maîtrise de l’Université de Californie à Berkeley, où il fut Rotary Peace Fellow, se penchant sur le rôle de la mémoire collective à la suite d’un traumatisme de grande ampleur. Avant de se consacrer à la photographie en 2008, il a travaillé plus d’une dizaine d’années en développement international.
En 2015, son travail sur la tragédie de Lac-Mégantic reçoit en le prix Dorothea Lange-Paul Taylor, puis paraît l’année suivante sous le titre La longue nuit de Mégantic chez l’éditeur néerlandais Schilt. En 2016, la bourse Travers lui permet d’approfondir ses recherches sur les enjeux migratoires à travers cinq pays, en collaboration avec leurs diasporas au Canada et leurs familles dans leurs pays d’origine. En 2018, il a adapté Roxham – son projet visuel et sonore portant sur les passages de demandeurs d’asile en provenance des États-Unis vers le Canada – en une expérience de réalité virtuelle avec l’Office national du film du Canada. Au printemps-été 2020, il a été mandaté par le Musée McCord pour documenter les impacts de la Covid-19 à Montréal.
★ Plus d’informations sur le site web de Michel Huneault.
Remerciements de l’artiste
Ce projet de recherche et création a été rendu possible grâce à l’appui financier du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec, ainsi qu’à la collaboration de plusieurs organisations actives sur le territoire de travail : le Centre d’artistes Vaste et Vague, le Village en chanson de Petite-Vallée, le Centre communautaire de Douglas, le Centre d’artistes Est-Nord-Est, le Musée de la Gaspésie, les Rencontres de la photographie en Gaspésie, le Centre culturel de Paspébiac, la Fonderie Darling/Quartier Éphémère et le Pôle artistique et communautaire de la Gare de Matapédia. Un merci tout spécial aux citoyens qui ont participé à la démarche au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, et l’ont soutenue.