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Manifestations indirectes

Sous la supervision de la conservatrice de l’art contemporain, le candidat aura pour responsabilité de réaliser une exposition mettant en perspective la recherche d’artistes de la relève en art contemporain et/ou en arts médiatiques.

La jeune commissaire retenue après concours est madame Dominique Sirois-Rouleau.

Manifestations indirectes

De la relique médiévale à l’archive numérique s’exprime au cœur de l’histoire une même pulsion de mémoire; un désir insatiable de pérennité dont se joue aujourd’hui l’art contemporain.

Conceptuelles, éphémères ou furtives, certaines pratiques artistiques confrontent en effet leur public à une expérience spectatorielle radicale du ici et maintenant. L’archive revêt ainsi une importance accrue de sorte que nous assistons dans le monde de l’art à la prolifération de traces et de documents déjouant ces stratégies d’intermittence. Si bien, que les manifestations indirectes des œuvres fondent maintenant une nouvelle forme d’expérience esthétique.

Manifestations indirectes s’intéresse spécifiquement à cette expérience de l’art en proposant une exposition où les œuvres « véritables » sont absentes. À partir des pratiques de John Boyle-Singfield, Nadège Grebmeier Forget et Joshua Schwebel, nous présentons différents modes d’expérience différée d’une œuvre d’art. Dans une perspective aussi humoristique que conceptuelle, Boyle-Singfield œuvre du côté de la copie et du simulacre en instrumentalisant son statut d’artiste et la valeur ajoutée qu’il accorde aux objets. Grebmeier Forget délègue pour sa part la performativité de ses performances à la narration de l’action faisant alors du spectateur un acteur fondamental de l’existence de l’œuvre. Enfin, Schwebel confronte la lenteur appliquée du travail manuel de l’artiste à la dissémination systématique de l’objet d’art vers un public non-averti ne réservant à l’exposition institutionnelle que les reliques de ses interventions.

Il ne s’agit pas d’exposer littéralement l’absence, mais de faire la démonstration d’une expérience de l’art hors de l’œuvre. Ainsi, les objets exposés ne se revendiquent pas nécessairement d’un statut artistique. Ils incarnent plutôt respectivement des fonctions indicielle, performative ou commémorative, de manière à tromper la présence lacunaire de l’œuvre par une expérience aboutie de sa manifestation indirecte.

Afin d’engager cette réflexion dans l’expérience quotidienne, nous avons investigué la collection d’archives photographiques du Musée régional de Rimouski. En fait, comme les objets exposés, ces archives témoignent des tensions et des glissements, sensibles et documentaires, s’insinuant entre la représentation de l’absence et sa médiation concrète.

L’usage courant des manifestations indirectes se double des discours et problématiques du champ artistique révélant, de ce fait, les ambigüités inhérentes à la définition de l’objet d’art en contexte muséal. Les intentions et les discours qui supportent les objets sont en constante interaction avec la qualité implicitement artistique de la médiation institutionnelle. Pourtant, la résolution du statut des manifestations indirectes repose ultimement sur le spectateur qui ne fera toujours fonctionner les objets qu’en regard de sa propre interprétation.

À travers ces jeux de médiation et d’analyse, Manifestations indirectes souligne en somme la distinction ontologique et théorique entre la documentation et l’œuvre, de même que son aplanissement dans l’expérience sensible et pratique du spectateur.

Crédit photo : Dominique Sirois-Rouleau Directions to Immortality after John Boyle-Singfield

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